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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

revenir sans Amasis, il lui fit couper le nez et les oreilles, dans le premier mouvement de sa colère, et sans se donner le temps de la réflexion. Un si honteux traitement, fait à un homme de cette distinction, irrita à un tel point ceux d’entre les Égyptiens qui tenaient encore pour lui, que, sans perdre de temps, ils passèrent du côté d’Amasis, et se donnèrent à lui.

CLXIII. Sur cette nouvelle, Apriès fit prendre les armes à ses troupes auxiliaires, et marcha contre les Égyptiens. Il partit de Saïs, où il avait un grand et superbe palais, à la tête de trente mille hommes, tant Cariens qu’Ioniens, pour aller réduire les rebelles. Amasis marcha de son côté avec ses troupes contre les étrangers. Les deux armées se rencontrèrent à Momemphis, et se disposèrent à livrer bataille.

CLXIV. Les Égyptiens sont partagés en sept classes : les prêtres, les gens de guerre, les bouviers, les porchers, les marchands, les interprètes, les pilotes ou gens de mer ; ils tirent leurs noms de leurs professions : ceux qui suivent le métier des armes s’appellent calasiries et hermotybies. Voici les nomes ou provinces qu’ils habitent, car toute l’Égypte est divisée en nomes.

CLXV. Les nomes des hermotybies sont : Busiris, Saïs, Chemmis, Paprémis, l’île Prosopitis, et la moitié de Natho. Ces nomes fournissent au plus cent soixante mille hermotybies ; ils sont tous consacrés à la profession des armes, et pas un n’exerce d’art mécanique.

CLXVI. Les calasiries occupent les nomes de Thèbes, de Bubastis, d’Aphthis, de Tanis, de Mendès, de Sébennys, d’Athribis, de Pharbæthis, de Thmuis, d’Onuphis, d’Anysis, de Myecphoris, île située vis-à-vis de Bubastis. Ces nomes fournissent, lorsqu’ils sont le plus peuplés, deux cent cinquante mille hommes. Il ne leur est pas permis non plus d’exercer d’autre métier que celui de la guerre ; le fils y succède à son père.

CLXVII. Je ne saurais affirmer si les Grecs tiennent cette coutume des Égyptiens, parce que je la trouve établie parmi les Thraces, les Scythes, les Perses, les Lydiens ; en un mot, parce que, chez la plupart des barbares, ceux qui