On connaît le mot de cet empereur, après l’exécution du préteur Junius qu’il croyait fort riche : « Junius m’a trompé ; il n’est pas si riche que je le croyais : j’aurais pu le laisser vivre. » La loi de lèse-majesté, cette loi si vague et d’une si effrayante élasticité, et qui se pliait à tout, embrassant les paroles, les gestes, les intentions et jusqu’à la pensée la plus secrète, était pour les empereurs une inépuisable ressource. Drusilla, sœur de Caïus, meurt ; elle est divinisée après sa mort. Caïus fit [accuser de lèse-majesté ceux qui la pleuraient, disant qu’elle était déesse, et que la pleurer était un crime ; il fit mourir en même temps ceux qui ne la pleuraient pas, disant qu’elle était sa sœur et qu’il fallait la pleurer. Drusilla fut d’un bon produit pour l’empereur ; la populace riait et laissait faire.
Femmes, filles et jusqu’aux vestales assistaient aux scènes de carnage du Cirque, aux affreux assauts des gladiateurs ; elles applaudissaient à leur agonie. Auguste avait essayé en vain de mettre un frein à cette hideuse passion du meurtre ; ces horribles combats charmaient les festins, et le sang coulait au milieu du vin, des chansons et des fleurs. Les sacrifices humains qu’Adrien avait passagèrement abolis, reparu-