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une âme à la mer

Je me suis fabriqué une si belle épopée parmi les vagues au milieu des embruns sur mon empire mouvant.

Nul royaume n’est plus beau que l’immensité.

À bord, mon bateau m’absorbe tout entière, je n’ai le temps de rien faire d’autre. Sans mon « Ailée » tout est monotone et vide, j’ai trop de temps pour faire tout et cette grande accalmie pesante de silence est trop lourde pour mes épaules.

Je plains ceux qui peuvent regarder leur pavillon national claquer dans la brise sans avoir un battement de cœur pour le symbole qu’il représente.

Chaque bateau qui flotte avec le pavillon tricolore est une parcelle de la grandeur de notre marine.

Depuis que je suis la poupée d’étrave du grand vaisseau qu’est le Yacht Club de France, je veille à le conduire vers l’honneur et le bonheur !

Comme je suis riche de tenir dans mes bras faibles l’Idéal Maritime !

En allant à l’horizon en sachant pourquoi.

Combien je plains ceux qui végètent et qui s’enfoncent vers la mort en regrettant leur jeunesse.