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ailée s’en va



Comme un vol de mouettes disparaît à l’horizon ailes battantes absorbées dans la grisaille du crépuscule, tels, mon cher bateau, nous nous enfoncerons un soir, mais avec des ailes différentes, dans notre séparation sans fin !

L’horizon sera fait d’un ciel et d’une mer confondus comme un grand manteau, doux linceul immense posé sur le jour.



Que tu étais belle en rade sous le soleil !

Ancrée d’une chaîne, les ailes pliées en attente, tu ressemblais à un oiseau posé. Ta coque brillait, les cuivres étincelaient, sur le pont bien blanc venaient s’enrouler en petits tapis tes cordages souples, les vernis reluisaient et chaque chose était à sa place.

Le soleil faisait scintiller même les pommes de mât ! Sous la voûte arrière ton nom s’offrait éclatant comme une couronne d’or posée sous les trois couleurs qui se déployaient dans l’azur

Et l’eau heureuse venait chuchoter le long des hu-