Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
une âme à la mer

Sur la Hève, je le découvre à l’horizon comme un point.

Une blancheur apparaît, puis sa silhouette se dessine, et mes yeux ne peuvent plus le quitter.

Je me précipite au sémaphore et là, le cœur battant, je le regarde passer.

Berrézaie m’a aperçue, un matelot court à l’arrière, et hisse le pavillon finlandais, qui flotte, grand carré blanc soutenant une croix bleue. Trois fois le pavillon monte et descend de sa hampe.

Finlandia me salue ! J’ai des larmes plein les yeux.

Ce navire Finlandais, à l’équipage anglais, qui me font signe dans ce port, est à moi.

J’aperçois Canevet et Berrézaie qui me font signe joyeusement, et je reste là, à le regarder s’éloigner doucement.

Je le retrouve au premier pont, puis au bassin du Commerce où j’embarque.


2 avril 1920.

Il y a dans la vie un jour de bonheur, qui peut effacer des années de tristesse.

Mon navire est arrivé hier.

Après des années d’angoisse et de lutte, mon énergie, mon amour de la mer triomphent, j’ai ma récompense.