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une âme à la mer

Les yeux ouverts, je restais absorbée par la grandeur des flots lorsqu’une voix s’éleva grave et douce dans mon âme comme un chant de sirène.



Tout étincelle et blanchit sous le soleil de midi.

Les cordages, le pont, les cuivres et les vernis.

Se mouvoir pieds nus, bras nus dans la chaude lumière. Les yeux clairs clignent sous les reflets, sur les lèvres le sel se pose.

Aller, venir, faire partie de son voilier, en devenir l’âme !

Regarder avec tendresse les belles voiles se balancer mollement la brise étant à peine perceptible.

Rayonnement, silence.

À la barre, gouverner les yeux levés vers les voiles puis les poser sur l’horizon. Pénétrer, approfondir en attente.

Arrive une brise folle, perdue, elle passe, c’est l’accalmie complète, seulement les cordages qui se balancent et les poulies qui grincent.

L’équipage au vent fume la pipe en parlant bas. Sur la mer bleu foncé des marsouins passent.

Le silence est si profond que je les entends souffler, lorsqu’ils respirent à chaque bond hors de l’eau.