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goélette ailée

J’avais l’onglée de tenir la barre et ne pouvais respirer sous les rafales glacées de tramontane !

Enfin, nous mouillâmes au quai. Un élégant Yachtman m’interpella : « Est-ce que Madame Hériot va bientôt arriver ? » Je me retournai en ciré et en bottes et je répondis : « Mais c’est moi » !

C’était le commandeur Giovanelli.

Il me montre alors l’autre Dame en ciré sur l’Aile III. Je lui réponds « Ma femme de chambre ».

« Oh ! » me dit-il, « je viens de faire la connaissance d’un grand marin. »



La mer, ce soir, est un grand miroir.

Tout se pose sur elle avec une grande douceur.

Le crépuscule est violet et elle est mauve avant de venir grise.

Un feu blanc se mire, le croissant roux de la lune se reflète, le phare tournant lui verse à intervalles réguliers son regard rouge, une étoile lui envoie son reflet tremblant qui s’allonge, une barque de pêche posée devient double sur ce miroir en lui donnant son image.

Ce soir la mer reflète le monde et tout lui donne tout.