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S’il poussait l’impudence jusqu’à entretenir sa maîtresse dans le domicile commun, serait-il adultère ? Non : il y aurait injure grave envers sa femme qui pourrait l’attaquer en justice, et il serait prié de payer une amende de quelques centaines de francs.

En réalité l’homme n’est puni de l’adultère que comme complice d’une femme mariée.

Pour justifier la différence qu’on établit entre l’infidélité du mari et celle de la femme, on attribue plus de gravité à la faute de cette dernière…

La jeune femme. Permettez-moi de vous arrêter ici. Il est facile de démontrer que l’infidélité du mari est plus grave que celle de la femme.

La femme, ne pouvant disposer de son avoir sans l’autorisation du mari, ne peut guère compromettre sa fortune pour un amant.

Au contraire, le mari peut vendre et dissiper tout ce qu’il possède ; employer même l’avoir de la communauté, le fruit du travail et de la bonne administration de sa femme, à entretenir sa maîtresse : je connais plusieurs cas de cette espèce. Donc l’adultère du mari est plus nuisible aux intérêts de la famille que celui de la femme.

La femme adultère peut introduire de faux héritiers dans la famille du mari : c’est mal, j’en conviens ; ce n’est pas moi qui la justifierai ; mais en définitive, ces enfants adultérins ont une famille, de la tendresse, des soins.

Si le mari a des enfants hors du mariage, ils sont ou d’une femme mariée ou d’une femme libre. Dans le premier cas, en