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de leur apport pour soutenir les frais du ménage, pourvoir à l’éducation des enfants et aux nécessités du travail commun ;

Art. 5. Ce bien commun ne peut être engagé sans le consentement des époux ;

Art. 6. Convaincus en leur âme et conscience qu’on ne peut aliéner sa personne, sa dignité, son libre arbitre, les époux ne se reconnaissent aucune puissance l’un sur l’autre ; ils confient la durée et le respect du lien qui les unit à l’affection qui peut seule le légitimer.

Un notaire, dis-je, qui aurait rédigé ce contrat, serait dépouillé de sa charge, puis confié aux aliénistes, et le contrat serait nul comme contraire à la loi, aux bonnes mœurs et à l’ordre public.

Comprenez-vous, Madame, pourquoi les femmes, beaucoup plus intelligentes et indépendantes qu’autrefois, se marient beaucoup moins ?

Comprenez-vous pourquoi les filles du peuple, qui ont vu si souvent leurs mères malheureuses et dépouillées de leur pauvre avoir, se soucient beaucoup moins de se marier ?

On blâme les femmes !… C’est la loi qu’il faut blâmer et réformer.

Car les mauvaises lois produisent les mauvaises mœurs.

La jeune femme. Ce que vous dites là est bien vrai : sur vingt ménages, il n’y en a quelquefois pas un où l’on n’entende dire à la femme : Ah ! si j’avais su !

Si l’on nous mariait moins jeunes et que nous connussions la loi, assurément les mariages deviendraient de moins en moins nombreux.