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L’auteur. Entendons-nous : si le contrat porte que les époux se marient sans communauté, voici ce qui a lieu.

Le mari administre seul les biens meubles et immeubles de sa femme, absolument comme sous le régime de la communauté ;

Les revenus de ces biens sont affectés aux dépenses du ménage ;

Les immeubles de la femme peuvent être aliénés avec l’autorisation du mari ou de la justice, comme sous le régime de la communauté.

La seule compensation est que la femme peut statuer qu’elle pourra, sur ses seules quittances, recevoir annuellement une certaine portion de ses revenus pour ses besoins personnels.

Si elle ne participe point aux dettes, elle ne participe point aux gains que ses revenus ont pu mettre son mari en état de réaliser. Avec ces revenus, il peut s’enrichir et se faire une fortune à part, à laquelle sa femme n’aura jamais aucun droit. Convenez que c’est payer un peu cher l’avantage d’avoir quelque somme en propre, et de ne pas s’humilier à tendre la main au détenteur de votre fortune, comme on est obligée de le faire sous le régime de la communauté où la femme peut manquer de tout au milieu d’une fortune qui est la sienne propre.

La jeune femme. Ce régime ne vaut rien. Passons à celui de la séparation de biens. N’est-il pas meilleur ?

L’auteur. En effet ; car, sous ce régime, la femme administre seule ses biens meubles et immeubles, dispose de ses revenus, à moins de stipulations contraires, et en donne un tiers pour soutenir les frais du ménage.