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Quand une loi autorise la tyrannie et l’exploitation du faible, c’est une loi détestable ; car elle démoralise le fort, en l’exposant à devenir despote et cruel ; elle démoralise le faible, en le forçant à l’hypocrisie, en lui ôtant le sentiment de sa valeur et en brisant en lui tout ressort.

Elle éteint chez tous les deux la notion du droit et de la corrélation du droit et du devoir dans les rapports entre semblables.

L’auteur. Vous avez parfaitement raison.

Pour finir ce que nous avons à dire du régime de la communauté, ajoutons qu’il est permis à la femme de stipuler dans son contrat qu’en cas de dissolution de la communauté, elle pourra reprendre non seulement ses biens réservés propres, mais encore tout ou partie de ceux qu’elle à mis en commun, déduction faite de ses dettes personnelles.

Lorsque cette stipulation n’existe pas au contrat, la femme, lors de la dissolution de la communauté, a le droit d’y renoncer, et, si elle l’a imprudemment acceptée, elle n’est tenue de payer les dettes que jusqu’à concurrence de la portion du bien qu’elle en retirerait.


La jeune femme. Cette lueur de justice n’est qu’une illusion puisque, en cas de dettes faites par le mari, la femme peut perdre tout ou partie de ce qui lui reviendrait ; puisque, d’autre part, elle peut perdre son avoir personnel en signant l’aliénation de ses biens pour aider son mari.

Renonçons à ce régime, Madame ; dans la communauté entre époux, telle que l’entend la loi, la femme est livrée pieds et poings liés à l’homme quel qu’il soit. Marions-nous sans communauté.