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L’article 213 oblige la femme à l’obéissance.

L’article 214 lui enjoint de suivre son mari partout où il juge à propos de résider.

Plusieurs autres articles statuent que la femme ne peut plaider sans l’autorisation du mari, lors-même qu’elle serait marchande, et quelle que soit la forme de son contrat ;

Que, même séparée de biens et non commune, elle ne peut ni aliéner, ni hypothéquer, ni acquérir à titre gratuit ou onéreux sans le consentement du mari dans l’acte ou par écrit ;

Qu’elle ne peut ni donner, ni recevoir entre vifs, sans le dit consentement.

Dans tous ces cas, si le mari refuse d’autoriser, la femme peut avoir recours au président.

La jeune femme. Et si le mari est interdit, absent, frappé d’une peine afflictive ou infamante, s’il est mineur et sa femme majeure ?

L’auteur. Alors la femme se fait autoriser par le président.

La jeune femme. Mais la femme est donc en tutelle lorsqu’elle est mariée ; elle ne peut donc échapper à la tutelle du mari que pour tomber sous celle du tribunal ? N’est-ce pas pour la femme française le rétablissement restreint de la loi romaine ?

Cesser d’être de son pays, s’absorber corps et biens dans un homme, obéir et suivre comme un chien ! Et cela dans un pays où la femme travaille, gagne, administre, est journellement appelée à défendre ses intérêts et ceux de ses enfants, souvent contre son mari ! Mais cela est révoltant. Madame.

L’auteur. Je ne vous en verrai jamais assez révoltée.