Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 66 —

Des gens qui se sont donné la difficile tâche de nous dorer cette amère pilule qu’on nomme le Code Civil, nous disent : mais, Mesdames, le législateur savait, qu’étant mères et ménagères, vous ne pouviez remplir des fonctions publiques : Vous conviendrez vous-mêmes qu’une femme enceinte ou nourrice, une femme retenue par les soins de l’intérieur, ne peut être ni ministre, ni juré, ni député, ni… etc.

La jeune femme. Mais, Messieurs leur répondrons-nous, les femmes ne sont pas constamment enceintes, perpétuellement nourrices, puisque beaucoup n’ont pas d’enfants, restent filles, et ne s’occupent pas plus que vous des soins de l’intérieur.

L’âge où vous entrez dans les fonctions publiques, est celui où, nos fonctions maternelles étant remplies, nous n’avons plus qu’à nous ennuyer prodigieusement, si notre fortune nous en laisse le loisir.

L’auteur. Ces Messieurs prétendent que la maternité nous a pris trop de temps pour que nous ayons pu cultiver les facultés nécessaires aux fonctions publiques : ils prétendent aussi que cette maternité arrête l’essor de nos hautes facultés.

La jeune femme. À ceci nous leur répondrons que l’amour et le libertinage leur font perdre bien plus de temps qu’à nous la maternité et arrêtent bien autrement l’essor de leurs hautes facultés.

Quoi ! il faut que les filles, les veuves, les femmes de quarante ans ne puissent remplir aucune fonction publique, parce que la majorité des femmes est occupée de vingt à trente cinq ans, à renouveler la population ! En vérité, c’est plaisant !