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avec eux, et ont souvent une grande influence sur le vote de leurs maris ?

Qu’enfin, puisqu’on reconnaît le Droit politique à l’homme, indépendamment de son degré d’intelligence et d’instruction, de la nature de ses occupations et de l’état de sa santé, vous ne comprenez pas pourquoi l’on tiendrait compte de ses choses quand il s’agit du Droit politique de la femme ?

N’auriez vous pu ajouter : il est assez singulier que tant d’imbéciles aillent voter, tandis que des femmes intelligentes, célèbres même, sont repoussées de l’urne électorale.

Il est assez outrecuidant de la part des hommes de supposer que des femmes artistes, des négociantes, des institutrices, sont moins capables, au point de vue politique, que des cureurs d’égoût, des porteurs d’eau, des charbonniers et des balayeurs.

Toute française majeure a le Droit de réclamer sa 36 millionième part du vote général : elle est serve politique, tant qu’elle en est dépouillée, parce qu’elle subit des lois qu’elle n’a pas concouru à faire, et paie des impôts qu’elle n’a pas concouru à fixer.

La jeune femme. Je n’ai rien à dire à cela, sinon que je ne me sens pas portée à réclamer mon Droit politique. Cette revendication me laisserait froide, tandis que celle du Droit civil me trouve prête à la soutenir chaudement.

L’auteur. Vous ne me surprenez pas, Madame ; la route de l’humanité se divise par étapes ; vous sentez, sans vous en rendre compte, qu’elle n’en peut fournir deux à la fois. Vous êtes prête pour le droit civil, dont la jouissance et la pratique vous mûriront pour le Droit politique.