Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 60 —

d’idéal ; et, au lieu de purifier la Morale et d’y soumettre les deux sexes, comme des esclaves révoltées, vous vous soumettez à la Morale relâchée ou plutôt à l’immoralité de l’autre sexe. Vous oubliez que la liberté doit produire des fruits de salut et non pas la décomposition. Vous comprenez l’égalité comme les Romaines de la décadence, dans le vice.

Pauvres enfants, est-ce bien votre faute ? La loi qui abandonne votre chasteté aux passions de l’homme, a-t-elle pu vous donner une grande estime pour cette vertu ? Ne devez-vous pas croire, au contraire, que ce qui est licite pour l’homme, peccadille pour lui, l’est pour vous ; au lieu de penser que ce qui ne vous est pas permis, ne le lui est pas davantage ? Ah ! vous êtes toujours les esclaves de l’homme, vous qui vous soumettez à sa loi Morale au lieu de l’élever à la vôtre ! Arrêtez-vous donc, en voyant les fruits amers d’une semblable erreur. Regardez : partout l’adultère, la prostitution sous toutes les formes, l’abandon de milliers d’enfants, l’infanticide à tous ses degrés, la corruption s’exerçant au grand jour à la porte de certaines fabriques, l’enregistrement de filles de seize ans dans la grande armée de la prostitution, une foule d’hommes, assez bas descendus pour jouer le rôle d’hommes entretenus, et l’amour fuyant de la terre pour céder la place à la passion bestiale, effrénée, qui dévore les âmes et les corps : voilà ce que vous avez accepté en acceptant l’immoralité masculine !

Oui, il n’y a qu’une Morale, mais ce n’est pas la chose hideuse qui amène ces épouvantables résultats. Ne vous avilissez donc pas en prenant les hommes pour modèles.

La jeune femme. Comment échapper à la dégradation, si les