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Ce qu’il y a de curieux, c’est que les honnêtes femmes hésitent moins à se laisser traiter et toucher par un médecin que celles dites non chastes… à moins que celles-ci ne chôment de consolateurs : Vous direz que ce souci n’est pas interdit aux femmes honnêtes… Inclinons-nous donc, Madame, devant l’honorable confiance et le charmant caractère de Messieurs les maris dont les femmes ont de fréquentes vapeurs, et des affections plus ou moins utérines.

La jeune femme. Un sentiment de M. E. Legouvé m’a frappée : c’est la confiance qu’il exprime en notre perspicacité et en notre délicatesse pour le traitement des affections nerveuses, si nous étions appelées à exercer la médecine.

L’auteur. Il a l’intuition de la vérité ; si l’homme, en général comprend mieux le muscle et l’os, nous comprenons mieux le nerf et la vie. La femme médecin a généralement un élément de diagnostic qui manque à l’homme : c’est une disposition à sentir l’état de son malade : voilà pourquoi les névroses ne seront prévenues et réellement guéries, que lorsque les femmes s’en mêleront scientifiquement. Ajoutons que ce sera seulement alors que les enfants seront convenablement traités dans leurs maladies, parce que la femme a l’intuition de l’état de l’enfant ; elle l’aime, se met en communion avec lui ; devant être mère, elle est organisée pour être avec l’enfant dans un rapport bien autrement intime que l’homme.

La jeune femme. À priori, ce que vous dites là me semble vrai.

L’auteur. De même, Madame, que l’on ne peut pratiquer la Justice qu’en sentant les autres en soi, l’on ne peut, croyez-le,