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leur vocation et sur leur temps, je ne vois pas que notre temps et notre vocation puissent être pour nous la base du même droit.

L’auteur. Et cependant, Madame, la société prend son parti de ce déni de justice, et la masse des femmes se déclarent contre celles qui, d’une trempe vigoureuse, protestent contre cet état de choses.

La jeune femme. Notre jeune génération est trop impatiente du joug, pour ne pas se ranger avec vous. Il n’y en a plus guère parmi nous qui s’imaginent, comme nos grand’-mères, que la femme est plus créée pour l’homme que lui pour elle ;

Que la femme est inférieure à l’homme et doit lui obéir ;

Que la femme ne doit pas recevoir la même éducation que l’homme ;

Qu’une femme ne peut avoir de vocations identiques à celles de l’homme.

Nous commençons à trouver fort surprenant qu’un prosateur barbu, dont les œuvres n’ont pas franchi la frontière, un faiseur de tartines quotidiennes, puissent attacher la rosette à leur habit, tandis que G. Sand, dont le nom est universel, ne saurait être décorée ;

Qu’un paysagiste puisse être récompensé de la croix qu’on ne songerait pas à donner à cette admirable femme, Rosa Bonheur, qui nous fait communier avec les animaux, et, par les yeux, nous rend meilleurs pour tout ce qui vit.

Si une femme obtient une distinction, c’est en qualité de garde-malade… parce que les hommes n’envient pas la fonction de sœur de charité.