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Comprenez-vous enfin, Messieurs les inconséquents ?

Je vous le dis en vérité, toutes vos luttes sont vaines, si la femme ne marche pas avec vous.

Un ordre de choses peut s’établir par un coup de main ; mais il ne se maintient que par l’adhésion des majorités ; et ces majorités, Messieurs, c’est nous, femmes, qui les formons par l’influence que nous avons sur les hommes, par l’éducation que nous leur donnons avec notre lait.

Nous pouvons leur inspirer, dès le berceau, amour, haine ou indifférence pour certains principes : c’est là qu’est notre force ; et vous êtes des aveugles de ne pas comprendre que si la femme est d’un côté, l’homme de l’autre, l’humanité est condamnée à faire l’œuvre de Pénélope.

Messieurs, la femme est mûre pour la liberté civile, et nous vous déclarons que nous considérerons désormais comme ennemi du Progrès et de la Révolution quiconque s’élèvera contre notre légitime revendication ; tandis que nous rangerons parmi les amis du Progrès et de la Révolution ceux qui se prononceront pour notre émancipation civile, fut-ce vos adversaires.

Si vous refusez d’écouter nos légitimes réclamations, nous vous accuserons devant la postérité du crime que vous reprochez aux possesseurs d’esclaves.

Nous vous accuserons devant la postérité d’avoir nié les les droits de la femme, parce que vous avez eu peur de sa concurrence.

Nous vous accuserons devant la postérité de lui avoir refusé ses droits pour en faire votre servante et votre jouet.