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impures que le péché a rendues folles, des êtres incapables de comprendre la justice et les œuvres de conscience ?


III


Concluons, Messieurs.

Lors même qu’il serait vrai, ce que je nie, que la femme vous soit inférieure ; lors même qu’il serait vrai, ce que les faits démontrent faux, qu’elle ne peut remplir aucune des fonctions que vous remplissez, qu’elle n’est propre qu’à la maternité et au ménage, elle n’en serait pas moins votre égale devant le Droit, parce que le Droit ne se base ni sur la supériorité des facultés, ni sur celle des fonctions qui en ressortent, mais sur l’identité d’espèce.

Créature humaine comme vous, ayant comme vous une intelligence, une volonté, un libre-arbitre, des aptitudes diverses, la femme a le Droit, comme vous, d’être libre, autonome, de développer librement ses facultés, d’exercer librement son activité : lui tracer sa route, la réduire en servage, comme vous le faites, est donc une violation du Droit humain dans la personne de la femme : c’est un odieux abus de la force.

Au point de vue des faits, cette violation de Droit revêt la forme d’une déplorable inconséquence : car il se trouve que beaucoup de femmes sont très supérieures à la plupart des hommes ; d’où il résulte que le Droit est accordé à ceux qui ne devraient pas l’avoir, d’après votre doctrine, et refusé à celles qui, d’après la même doctrine, devraient le posséder, puisqu’elles justifient des qualités requises.