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il faudrait accorder le Droit à ceux qui justifient des facultés nécessaires et en exclure les autres : à ce compte beaucoup de femmes seraient appelées et une infinité d’hommes exclus. Voyez ou l’on va quand on n’a pas l’énergie intellectuelle de se rendre compte des principes ! Vous n’avez qu’un moyen de nous évincer de l’égalité, c’est de trouver que nous n’appartenons pas à la même espèce que vous,

2° La femme, ajoutez-vous, ne peut avoir les mêmes droits que l’homme parce que, mère et ménagère, elle ne remplit que des fonctions d’un ordre inférieur.

De cette seconde proposition, nous sommes en droit d’induire que les fonctions sont la base du Droit ;

Que vos fonctions sont équivalentes, puisque le droit est égal ;

Que les fonctions de la femme ne sont pas équivalentes à celles de l’homme.

Vous avez donc à prouver, Messieurs, que les fonctions individuelles remplies par chacun de vous s’équivalent ; que, par exemple, Cuvier, Geoffroy St-Hilaire, Arago, Fulton, Jacquard, un certain nombre d’inventeurs et de savants n’ont pas plus fait, ne font pas plus pour l’humanité et la Civilisation qu’un nombre égal de fabricants de têtes d’épingles.

Vous avez à prouver ensuite que les travaux de la maternité, ceux du ménage auxquels le travailleur doit sa vie, sa santé, sa force, la possibilité d’accomplir sa tâche ; que ces fonctions sans lesquelles il n’y aurait pas d’humanité, ne sont pas équivalentes, c’est à dire aussi utiles au corps social que celles du fabricant de bijoux ou de jouets d’enfants.