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Cette double démonstration, nous allons essayer de la faire, en reprenant un à un les arguments de ces Messieurs.

1° La femme ne peut avoir les mêmes droits que l’homme, parce qu’elle lui est inférieure en facultés intellectuelles, dites-vous, Messieurs. De cette proposition, nous sommes en droit d’induire que vous considérez les facultés humaines comme base du Droit ;

Que la loi, proclamant l’égalité de Droit pour votre sexe, vous êtes tous égaux en qualités, tous aussi forts, aussi intelligents les uns que les autres.

Qu’enfin pas une femme n’est aussi forte, aussi intelligente que vous ; je ne puis dire : que le moindre d’entre vous, puisque, si le droit est fondé sur les qualités, comme il est égal, il faut que vos qualités soient égales.

Or, Messieurs que deviennent ces prétentions en présence des faits, qui vous montrent tous inégaux en force et en intelligence ? Que deviennent ces prétentions en présence des faits, qui nous montrent une foule de femmes plus fortes que beaucoup d’hommes ; une foule de femmes plus intelligentes que la grande masse des hommes ?

Étant inégaux de force et d’intelligence, et cependant déclarés égaux en Droit, il est donc évident que vous n’avez pas fondé le Droit sur les qualités.

Et si vous n’avez pas tenu compte de ces qualités quand il s’est agi de votre Droit, pourquoi donc en parlez vous si haut quand il est question de celui de la femme ?

Si les facultés étaient la base du Droit, Messieurs, comme les qualités sont inégales, le droit serait inégal ; et, pour être juste,