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le Droit politique, créé pour sauvegarder les précédents, faire descendre dans les faits sociaux les progrès réalisés dans les idées, et empêcher que nul ne subisse la loi qu’il n’a pas contribué à formuler.

Tels sont, Mesdames, les principes du Droit moderne, proclamés du haut de ce nouveau Sinaï, la France, notre chère et glorieuse patrie, au milieu des éclairs et des tonnerres de notre Révolution.

Ah ! Bénie soit elle cette Révolution qui a dit à l’esclave : relève ton front, brise tes chaînes : car tu es un homme. Devant moi, génie de l’Humanité moderne, il n’y a pas de noirs, de blancs, de jaunes, de cuivrés ; il n’y a pas d’Allemands, d’Anglais, de Français, d’Italiens, il y a des êtres humains, tous égaux devant le Droit, tous égaux devant moi, parce qu’ils sont tous égaux devant la Raison.

Relevez-vous tous, hommes courbés sous le sceptre, sous la houlette, sous le fouet ou sous le bâton, car vous n’avez pas de maîtres ; les ainés d’entre vous ne sont que vos instituteurs, et votre éducation aura son terme.

Relevez-vous tous, hommes frères : écoutez ma voix qui vous crie ; l’être humain ne peut être heureux et vertueux, ne peut être digne et utile, ne peut être une créature humaine, enfin, que par la liberté individuelle dans l’égalité collective.

Et on l’a stupidement maudite cette voix sainte qui venait substituer la justice à la force, rappeler l’humanité au sentiment de sa dignité, la remettre dans la voie de ses sublimes destinées ! On l’a stupidement maudite, cette voix consolante qui promettait le bonheur par le travail et la liberté ; qui électrisait