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conque ; qu’en un mot, l’État ne doit pas avoir une religion positive, afin qu’aucune conscience ne soit opprimée.

Elles croiront assez à l’égalité et à la dignité humaines pour repousser tout sacerdoce organisé ; on enseigne une science, non pas une hypothèse : on propose celle-ci, et jamais aucun prêtre ne se contenterait de ce sage et modeste rôle : c’est l’instituteur qui dirige l’enfant ; l’adulte doit se diriger lui-même.

Donnez, Madame, donnez à vos enfants une religion qui les soutienne dans la sainte lutte de la vertu et du dévouement ; une religion qui élève leur esprit et leur cœur, et exalte leur courage. Si l’on peut légitimement hésiter à s’offrir en holocauste, lorsque la mort apparaît comme le néant de la conscience, tous les dévouements sont possibles lorsqu’on se considère comme un des rouages de l’Ordre de Justice, et qu’on ne voit dans la mort qu’une transformation, un agrandissement du moi humain.

Que vos enfants trouvent dans une religion admise par leur raison et leur sentiment, un port assuré contre les tempêtes de l’âme ; dans leurs frères divins des amis, des témoins de leurs victoires, une pensée fortifiante : celle de ne pas travailler sans témoin au bien général, si elles sont méconnues de leurs contemporains. Oh ! croyez-le, elles seront meilleures, plus dévouées, plus grandes, si elles sont bien persuadées qu’ayant servi dans leur vie présente l’Ordre de Justice et de Bonté, elles seront reçues vivantes dans son sein pour continuer à le servir encore, et y trouver l’harmonie de la Justice et du Bonheur.