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Est-ce que le savant ne croit pas à sa théorie ? Vos élèves d’ailleurs, ne sauront-elles pas que la base de toute certitude est dans la foi ? Est-ce que, pour acquérir des connaissances, nous ne devons pas, préalablement, faire acte de foi envers l’existence des corps extérieurs, la constance des lois qui régissent les choses, l’existence de nos facultés et la valeur positive de leur appréciation ? Vos élèves ne savent-elles pas que, même ces choses admises sans preuve, tout repose, pour l’avenir sur la probabilité ? Qui pourrait prouver que le soleil se lèvera demain, que le fer ne deviendra pas mou comme du coton, que ce qui était nourriture hier ne sera pas poison demain ? Personne ni rien, sinon notre foi que l’univers et les lois qui régissent les choses demeurent, sont persistants ? La raison de vos élèves ne saurait être ni révoltée, ni effrayée d’avoir la foi pour couronnement puisqu’elle l’a pour base. Être suspendus entre deux abîmes de foi, ne nous épouvante pas : ce qui nous fait reculer, c’est de trouver la contradiction sur le terrain où les deux abîmes se rencontrent : c’est cette contradiction que vous devez éviter par dessus toutes choses.

Donnez donc de bonne heure une religion positive à vos enfants, mais entendez-le bien, une religion qui ne soit que l’épanouissement poétique de tous vos enseignements.

Vous leur aurez démontré que tout est limité, composé, relatif ; que le degré de perfection des êtres est en raison de leur complication ; vous ne pourriez donc, sans contradiction, leur représenter la Divinité comme simple, infinie, absolue.

L’étude de la Biologie leur aura prouvé que, si elles sont supérieures aux animaux, c’est parce qu’elles sont plus composées