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moralité des époques où elles apparaissent : elles donnent les formules et les représentations des objets du sentiment religieux : le philosophe pur croit en la Divinité, mais il ne la définit pas ; il croit presque toujours en l’immortalité du Moi, mais il ne cherche pas à se figurer ce qu’elle sera : il pense seulement qu’au delà de la tombe, se trouvera la sanction des actes moraux : le philosophe de notre époque, faisant un pas de plus, pensera que, dans notre transformation, il y aura progrès.

Le croyant se fait une idée précise de Dieu, de la nature de ce qui persiste en nous, de ce que nous ferons dans l’existence qui suivra celle-ci, des peines et des récompenses, etc.

Le philosophe trouve dans sa foi sentimentale, indéfinie, l’appui, mais non la source et la raison du Droit et du Devoir ; pour le croyant, jusqu’ici, la morale n’a d’autre source que la Religion ; s’il cessait de croire à celle-ci, l’autre n’aurait plus de base.

Le vice de toute religion positive, jusqu’à nos jours, a été d’immobiliser l’humanité ; le service qu’elles ont rendu, a été de vulgariser certaines notions parmi les masses. Elles sont toutes, pendant un certain temps ; le soutien des principes moraux les plus avancés. Mais comme elles se prétendent immuables et que l’humanité progresse, arrive l’instant où elles sont dépassées en Rationalité, en Science et en Moralité : il faut alors qu’elles disparaissent, sans quoi l’humanité mourrait : Toujours la lutte contre elles est rude et longue, et elle ne cesse que quand un idéal religieux nouveau s’est emparé des majorités car les religions ne cèdent la place qu’aux religions, non aux philosophies. Un tel changement est toujours précédé d’un changement