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indulgentes, orgueilleuses, habituez-les à compter et à peser leurs défauts, à connaître leurs imperfections, à ne pas se montrer plus sévères envers autrui qu’elles ne le sont pour elles-mêmes ; à tolérer des défauts qui ne causent pas on mal réel, comme elles trouvent bon qu’on tolère les leurs : à se bien persuader, qu’en maintes circonstances, on nous blesse bien plus par étourderie que de propos délibéré, et qu’il serait absurde de nous en fâcher, puisqu’il est notoire que souvent nous en avons fait autant ; qu’enfin, il n’y a pas de défaut plus insupportable que la susceptibilité, parce qu’elle met à la torture ceux qui nous entourent, empêche l’épanchement, et qu’un caractère méticuleux perd ses amis les meilleurs, car il n’y a pas de société possible avec un buisson d’épines.

Faites-leur bien comprendre que, ne pas tolérer le mal en autrui, ne signifie pas s’ériger en censeurs et professeurs de Morale, mais ne pas consentir pour soi et les autres à devenir victime d’une injustice ou d’un défaut capital.

Ainsi élevées, vos élèves, dès l’âge de douze ans, sauront, par leur pratique journalière, en se rendant les services d’ordre et de propreté, que tout travail utile est honorable.

En échangeant leurs services, elles ont appris que la société est basée sur le travail et l’échange ;

En recevant et rendant des services gratuits, elles ont appris la bonté ;

En défendant contre leurs compagnes leur dignité, leurs droits et ceux des faibles, elles ont appris la justice et la solidarité ;

En triomphant des obstacles que vous avez su mesurer à leurs