Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 236 —

Si une élève est lâche, se laisse battre, faites-lui en une grande honte ; obligez-la à se défendre vigoureusement ; car il faut qu’elle s’habitue à se croire aussi respectable que les autres, à résister à l’oppression, à défendre plus faible qu’elle ; il n’y a de tyrans que parce qu’il y a des majorités de lâches.

Si l’élève est malade, soignez-la tranquillement : ne la plaignez pas et, quand elle pourra raisonner, demandez-lui si ses plaintes la guériront, et pourquoi elle risque d’ennuyer les autres sans profit pour elle.

Ne souffrez jamais qu’une élève vous fasse un rapport secret ; mais exigez que les élèves s’avertissent mutuellement ; punissez les grandes qui ne le font pas, et prescrivez que l’on amène devant vous celle, qui plusieurs fois, aura commis une action blâmable, et que celles qui l’ont avertie soient ses accusatrices. Chassez sans miséricorde de votre établissement l’élève qui aura exposé sa classe à se faire punir pour sa faute non avouée : car cela révèle un caractère orgueilleux, injuste et poltron.

Vos élèves, par l’amour d’elles-mêmes, arriveront de la sorte à pratiquer et à comprendre la Justice, à sentir qu’elles n’ont droit à rien attendre d’autrui quand elles ne donnent rien en échange : c’est encore à leur égoïsme que vous devez vous adresser pour les rendre sensibles et bonnes. Elles savent qu’en leur rendant des soins et des services pour lesquels elles ne donnent rien, on use de bonté non de Justice à leur égard ; faites-leur comprendre que le moyen de s’acquitter, est de se montrer polies envers ceux et celles qui ont été bons pour elles, de leur rendre tous les services qu’elles pourront, et d’agir à l’égard des faibles comme les forts ont agi envers elles.