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vivante, où l’organe et la fonction sont inséparablement unis ; tellement dépendants l’un de l’autre, qu’on ne peut opprimer, exalter l’un, sans opprimer, exalter l’autre ; qu’en un mot toute manifestation de ce qu’on nomme l’âme, se révèle comme fonction d’une partie de notre corps, conséquemment que, cultiver le corps, c’est cultiver l’âme et réciproquement.

Ceci bien entendu, vous devez avoir toujours présent à la pensée que la vie n’est pas un être en soi, qu’elle est le produit d’un rapport : ainsi il n’y aurait pas de vie végétative au cerveau, si cet organe n’était excité par la présence du sang, s’il n’était pas mis en contact, eu rapport avec lui ; il n’y aurait point d’images dans le cerveau, s’il n’était mis en rapport, par les sens, avec les corps qui les occasionnent, pas plus qu’il n’y aurait vie de l’estomac, s’il n’était mis en rapport avec le bol alimentaire.

De ces observations, vous devez conclure qu’il suffit, pour développer un organe et le rendre fort et vivant, de l’exposer, dans une juste mesure et graduellement, à l’action de ses excitants propres : que tout organe grandit vitalement par la lutte et s’étiole par le repos.

L’exercice soutenu d’un organe quelconque, outre qu’il le développe, le rend plus fort, plus vivant, produit l’habitude. L’habitude qui, vous le savez, modifie profondément notre être, nous imprime un cachet particulier, nous rend indifférentes, agréables, nécessaires mêmes, des impressions et des choses d’abord désagréables ou nuisibles ; nous rend facile ce que nous croyions impossible ; nous fait, en un mot, une seconde nature, transmissible par la génération.