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qu’il est plus sain pour elle de l’employer à la culture d’une science ou d’un art, qu’à courir les magasins, à faire des visites oiseuses, à s’occuper de chiffons ou, pour se préserver des bâillements, à filer quelqu’intrigue avec un amant qui ne l’amuse guère.

Voilà ce que nous pourrions répondre, si nous étions purement utilitaires, mais comme avant l’utilité est le Droit, nous disons :

Les femmes qui ont des vocations, dites exceptionnelles, ont le droit de les cultiver comme les hommes.

Si elles ne se préparaient pas à prendre leur place, si elles ne sentaient pas vivement qu’elles ont le droit de la prendre, si elles ne souffraient pas de leur injuste exclusion, cette place, elles ne l’auraient jamais.

Il faut donc qu’elles souffrent et s’indignent : c’est de là que sortira la reconnaissance de leur Droit.

D’ailleurs la jeune Amérique est là : nous aurons le moyen d’y trouver de l’emploi pour les vocations exceptionnelles. Ce ne sera pas la première fois que la France aura forcé ses enfants à mettre leur intelligence et leur industrie au service d’autres pays.

D’autres nous disent : Ne trouvez-vous donc pas les institutrices suffisamment instruites, que vous voulez en former par d’autres méthodes ? Nous répondons : leur instruction est morcelée, incomplète, littéraire, si l’on veut, mais dépourvue de toute philosophie, de tout point de vue général ; on leur inculque une foule de notions fausses et contradictoires ; elles n’ont pas la fermeté de refuser d’enseigner ce qu’elles ne croient pas,