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L’auteur. C’est ce que m’objectaient en 1848 plusieurs femmes éminentes et plusieurs hommes dévoués au triomphe des principes nouveaux.

Je leur répondais alors, et je leur répondrais encore aujourd’hui : Nous serions bien vite d’accord, si notre Société moderne n’était pas le théâtre de la lutte de deux principes diamétralement opposés.

La question n’est pas de décider si le Droit politique appartient à la femme, s’il la développerait, la grandirait, etc. ; mais bien de savoir si elle en userait pour faire triompher le principe qui dit à l’humanité : en avant ! Ou bien pour faire triompher celui qui lui dit : en arrière !

Quel est le but du Droit politique ? Évidemment, c’est d’accomplir un grand Devoir dans le sens du Progrès. Eh bien ! n’est-il pas dangereux de l’accorder à ceux qui s’en serviraient contre le but ?

Quoi ! Vous luttez pour le Droit, afin d’obtenir le triomphe d’une sainte cause, et vous n’éprouveriez aucune hésitation à l’accorder à ceux qui, certainement, se serviraient du Droit pour tuer le Droit !

Vous me reprochez de faire comme les Jésuites qui tiennent beaucoup moins compte de la Justice que de l’utilité. Eh ! Messieurs, si vous aviez eu moitié de leur habileté, il y a longtemps que vous auriez réussi. Vous, comme de vrais sauvages, vous vous croiriez déshonorés si vous aviez de la prudence, de l’esprit pratique ; si vous vous présentiez au combat autrement que le corps nu : cela peut être très beau, très courageux, mais sensé, c’est autre chose.