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La jeune femme. Combien de temps devrait s’écouler entre la déposition de la demande et l’arrêt de divorce ?

L’auteur. Une année, afin que les époux aient le temps de réfléchir.

La jeune femme. Le divorce est prononcé, chacun des ex-conjoints est rentré dans sa liberté, leur permettrons-nous de se marier à d’autres ?

L’auteur. Mais assurément, Madame ; que signifierait sans cela notre critique de la séparation ?

La jeune femme. Quoi ! l’époux adultère, brutal, celui qui aurait fait souffrir son conjoint, qui aurait eu tous les torts, jouirait comme l’autre du privilège de pouvoir se remarier ? J’avoue que cela me choque.

L’auteur. Parce que vous n’êtes pas suffisamment imbue des doctrines de liberté et du sentiment du Droit : le Mariage est de droit naturel pour tout adulte ; la société n’a donc pas le droit de l’interdire ou d’en faire un privilège ; d’autre part, dans tout divorce, des deux côtés, il y a des torts ou insuffisance de l’un par rapport à l’autre ; celui ou celle qui commet adultère, sera peut-être un modèle de fidélité avec un conjoint qui répondra mieux à son tempérament et à son humeur ; celui qui a été brutal, violent, sera peut-être tout autre avec une femme ayant un caractère différent ; enfin, répétons-le, interdire le mariage, c’est vouloir le libertinage, et la société n’a pas d’intérêt à se pervertir. Donc les deux ex-conjoints ont le droit de se marier ; mais la loi doit veiller à ce que tous soient avertis des charges qui pèsent sur eux par suite de leur premier mariage, et sachent qu’ils sont divorcés. En conséquence, la Société a le droit de