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L’auteur. Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents, Madame, parce qu’ils ne sont pas des choses : À ceux qui s’obstineraient à croire qu’ils sont une propriété nous dirions : la Société a le droit d’exproprier pour cause d’utilité publique. Ensuite le droit social sur les enfants se borne, en fait de principes, à ceux de la Morale : La Société n’a pas de droit sur les croyances religieuses qui sont du domaine du for intérieur. Un pouvoir qui enlèverait des enfants à leurs parents parce qu’ils n’ont pas telle foi religieuse, ferait du despotisme et mériterait l’exécration universelle. Que vous disiez : la Société n’a pas le droit d’imposer un dogme aux enfants, vous serez dans le vrai ; mais je ne concevrais pas que vous eussiez la pensée de lui interdire le droit de leur enseigner, même contre la volonté des parents, la science qui éclaire, la morale qui purifie : Est-ce que le devoir de la Société n’est pas de faire progresser ses membres, et quelqu’un peut-il avoir le droit de tenir une créature humaine dans l’ignorance et le mal ?

La jeune femme. Vous avez raison, Madame, et je passe condamnation. Revenons au Mariage. Je vois avec plaisir que vous vous éloignez de l’opinion de plusieurs novateurs modernes qui nient la légitimité de l’intervention sociale dans l’union des sexes.

L’auteur. Si cette union restait sans garantie, qui en souffrirait ? Ce ne sont pas les hommes, mais bien les femmes et les enfants.

Personne ne peut obliger un homme à demeurer avec une femme qu’il n’aime plus ; mais il faut qu’il soit contraint à remplir ses devoirs à l’égard des enfants nés de son union, à tenir