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les penchants et tendances des êtres, en vue d’objets qui y correspondent.

Si, à nos instincts nutritifs, correspondent les substances alimentaires ;

Si, à notre besoin de connaître, correspond la nature ;

Si, à notre besoin d’aimer, de nous associer, correspondent nos semblables ;

L’unité de loi n’exige-t-elle pas qu’à nos instincts religieux, correspondent des réalités ?

Que ces réalités échappent à nos moyens de vérification, qu’elles ne soient point objet de connaissance, ce n’est pas un motif pour les nier ; mais c’en est un suffisant pour savoir que toutes les idées que nous nous en formons, n’ont de valeur que pour nous et que, sous peine de nous montrer absurdes et de fausser notre sens moral, nous devons les mettre en harmonie avec la science et la morale de notre époque ; car si elles sont au dessus de ces choses, elles ne doivent pas les contredire.

Ces quelques lignes prouveront aux personnes qui, du rationalisme dont sont empreints mes précédents travaux, ont cru pouvoir conclure à mon matérialisme et peut-être à mon athéisme, qu’elles se sont trompées sur mon compte. Le Matérialisme et l’Athéisme ne sont point des crimes, mais, à mon sentiment, de tristes erreurs, et je ne les partage pas.

J’appartiens à ce petit nombre qui, ne pouvant s’arrêter dans la négation stérile, cherchent une affirmation supérieure et féconde.

J’appartiens à ce petit nombre qui, ne trouvant pas la satisfaction de leurs besoins religieux dans les enseignements d’un