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déprave : car à quoi bon lutter contre ce que l’on dit invincible, et pourquoi ne pas lui sacrifier les meilleures de nos tendances ? Examine, mon fils, la conduite des partisans d’une telle doctrine.

L’idéal humain exige qu’ils ne fassent point à autrui ce qu’ils ne trouveraient pas juste qu’on leur fît ; et ils séduisent les filles, les rendent mères, les abandonnent sans se soucier des enfants nés de ces unions ; sans se soucier que la jeune mère se suicide, meure de douleur ou se corrompe ; sans se soucier que les parents descendent dans la tombe.

Comme d’immondes reptiles, ils se glissent au foyer domestique d’autrui, ravissent à leur ami l’affection de sa femme, et le forcent à travailler pour les enfants de l’adultère.

La femme qui croit à l’amour incompressible manque à ses engagements envers son mari ; se fait une vie de ruse ; met le désordre et la douleur dans l’intérieur d’autres femmes dont elle brise la vie.

Voilà comment ceux qui pratiquent le sophisme remplissent leur devoir d’être justes, de ne point contrister leurs semblables, de travailler au bonheur, à l’amélioration de ceux qui les entourent, de préserver le faible de l’oppression et du mal. À cette incompressibilité prétendue de l’amour, ils sacrifient la Justice, la bonté, le bonheur, le repos, l’honneur des autres ; s’engagent dans une voie de désordres, mettent la dissolution dans la famille et la Société : en un mot, ils offrent en holocauste à l’instinct bestial, le sens moral et la Raison.

On t’a dit encore que tout amour est dans la nature : le polygamique et le polyandrique aussi bien que celui du couple constant.