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La mère. Êtes vous bien sûrs, mes enfants, que les attraits n’aient pas pour but l’attrait même, un plaisir à se procurer ?

Le fils. Le plaisir ne me semble que le moyen de porter l’être à remplir une fonction nécessaire ou utile. Ainsi le but de nos attraits ou attractions scientifiques, artistiques, industrielles, n’est pas le plaisir que nous avons à les satisfaire, mais la production de la science, de l’art, de l’industrie.

La fille. C’est à dire l’augmentation, le progrès de notre intelligence par la connaissance des lois de la nature, afin de modifier cette nature en vue de nos besoins et de nos plaisirs.

La mère. À quel attrait ou attraction est due la Société ?

Le fils. À notre attrait pour nos semblables.

La fille. Cet attrait est père de la Justice et de la Bonté : il les produit.

La mère. Voulez-vous généraliser le caractère de l’attrait ou attraction, d’après ce que nous venons de dire ?

Le fils. Le but de toute attraction ou attrait est la production le progrès, la conservation des êtres.

La mère. Tous les instincts qui ne sont que des attraits ou attractions, sont-ils bons ?

Le fils. Pour les animaux, soumis à la fatalité, oui, parce qu’ils vont directement au but, sans paraître dévier jamais. Dans notre espèce, ils sont bons en principe, si nous considérons leur fin ; mais ils peuvent devenir mauvais par les déviations que leur fait subir notre liberté.

La mère. À quelle marque pouvons-nous reconnaître que notre instinct est dans sa voie ?

La fille. En en comparant l’usage avec le but ; en s’assurant