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sera pas plus difficile de me refaire jeune fille pour te comprendre, tout en demeurant mère tendre et expérimentée pour te conseiller.

Tu es libre : je ne suis pas ton censeur, mais ta sœur aînée qui t’aime avec dévouement, et veut ton bonheur par dessus toute chose. Pour me récompenser de mon amour et de mes longs soins, je ne te demande que d’être ta meilleure amie, c’est à dire celle devant laquelle on pense et sent tout haut. Est-ce trop te demander, à toi qui es ma joie et ma couronne ?

Voilà, Mesdames, comme la femme majeure travaille à faire l’éducation de l’Amour.


III


Jeune homme et jeune fille fréquentent la société. La mère prudente sait qu’on insinue doucement à son fils qu’elle est un collet monté, une radoteuse qui ne connaît rien aux passions ; qui ne se doute pas que tout est bon dans la nature et doit être respecté ; et qui a si mal lu l’histoire de notre espèce, qu’elle n’a pas su voir que l’humanité a toutes les formes de l’amour : le polygamique et le polyandrique et même… l’ambigu.

Elle sait qu’on lui dit encore que la satisfaction de l’instinct brutal est une nécessité de santé pour l’homme, et que les lupanars sont des lieux d’utilité publique.

Elle sait, enfin, que de jeunes évaporées sans principes solides, font à sa fille de dangereuses confidences.

Il est temps, contre ces doctrines affaiblissantes, et des exemples pernicieux, de donner à ses enfants la philosophie de