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J’y consens de tout mon cœur, puisque j’ai fait toutes mes réserves, et prouvé l’inanité des classifications actuelles.

Comme mon principe est que la fonction doit aller au fonctionnaire qui prouve sa capacité, je dis qu’à l’heure qu’il est, par la différence d’éducation, l’homme et la femme ont des fonctions distinctes ; et qu’il faut donner à cette dernière la place qu’en général elle mérite.

J’ajoute que c’est une violation du droit naturel de la femme que de la former en vue des fonctions qu’on lui destine : elle doit, sous tous les rapports, être dans le droit commun : pas plus qu’à l’homme, on ne peut légitimement lui dire : ton sexe ne peut faire cela, ne peut prétendre à cela : si elle le fait et y prétend, c’est que son sexe peut le faire et y prétendre : s’il ne le pouvait, il ne le ferait pas ; le premier droit est la liberté, le premier devoir la culture de ses aptitudes, le développement de sa raison, de sa puissance d’utilité : un Dieu dit-il le contraire, ce ne serait pas la conscience, mais ce Dieu qui aurait menti.

Que la femme donc prenne la place qui convient à son développement actuel, mais qu’elle se rappelle sans cesse que cette place n’est point fixe et qu’elle doit tendre à monter toujours, jusqu’au jour où sa nature spéciale se révélant par l’égalité d’éducation, d’instruction, de Droit et de Devoir, elle prendra partout sa place légitime à côté de l’homme et sur la même ligne que lui.

Qu’elle rie de toutes les folles utopies élaborées sur sa nature, ses fonctions déterminées pour l’éternité, et se rappelle qu’elle

est, non pas ce que la nature, mais ce que l’esclavage, les pré-

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