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tation oublier de la faire respecter, consentir à fréquenter les personnes chez lesquelles elle n’est pas admise.

Cependant la répugnance pour le mariage légal est si grande chez certaines femmes dignes et réfléchies, qu’elles préfèrent encourir toutes les mauvaises chances que de s’enchaîner. Qu’elles rendent alors leur situation le moins périlleuse possible : elles peuvent y réussir par un contrat d’association qui assure leurs droits dans le travail commun, et garantisse l’avenir des enfants. L’homme les respectera davantage, quand il aura des obligations à remplir envers elles comme associées : S’il refusait de signer un tel contrat, la femme serait une insensée d’accepter sa compagnie, car il serait certain qu’il n’est qu’un égoïste et conserve une arrière-pensée d’exploitation et d’abandon.

La jeune femme. Une autre classe de femmes, n’ayant pas moins de répugnance pour la cérémonie légale que les précédentes, mais qui la subissent parce qu’elles craignent l’opinion, n’osent déplaire à leur famille et n’ont pas foi en la constance de l’homme, s’inquiètent comment elles pourraient concilier leur dignité avec la situation que leur fait la loi.

L’auteur. Deux faits identiques, qui se sont passés il y a quelques années aux États-Unis, diront à ces femmes-là ce qu’elles ont à faire.

Miss Lucy Stone et Miss Antoinette Brown, deux femmes du parti de l’émancipation qui parcourent l’Amérique du Nord en faisant des lectures, étaient recherchées par deux frères, les Messieurs Blackwell. En Amérique, comme partout, la loi subordonne la femme mariée. La position était difficile pour les émancipatrices : se marier sous la loi d’infériorité c’était violer