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au kilog., le boulanger dirait : le pain que vous choisissez vaut 90 centimes la pièce. S’il pèse 2,900 grammes, par exemple, ce que le client pourrait vérifier de suite par la balance du boulanger, alors le boulanger dirait : c’est 31 centimes le kilog ; s’il pesait 2.800 grammes, ce serait 32 centimes le kilog., etc. Et il serait immédiatement procédé à la livraison, d’après un pesage effectif.

C’est ainsi que le boulanger pourrait vendre un prix rationnel et équitable pour tout le monde. Car, je le répète, il est injuste qu’un pain se vende d’autant moins cher qu’il est plus cuit ou qu’il est plus rassis.

Et qu’on ne dise pas que ce n’est pas pratique, car la vente à la pièce qui fait la base de notre réforme est déjà pratiquée par le plus grand nombre des habitants d’Angers qui, de la sorte, ne tiennent point compte du règlement municipal.

C’est ce qui fait voir que le bon sens pratique finit toujours par chercher à se dégager de tout ce qui n’a pas sa raison d’être.

Ainsi la tendance générale des consommateurs d’Angers à vouloir acheter le pain à la pièce et non exclusivement au poids, est la condamnation la plus complète du règlement municipal.

Du reste la révocation de l’arrêté municipal ne pourrait gêner personne, ni le boulanger ni le consommateur, puisque l’un et l’autre auraient toujours la faculté de continuer leurs habitudes et de faire à leur volonté.

Les boulangers qui voudraient profiler de la révocation de l’arrêté municipal, aux différents points de vue que nous avons signalés, inscriraient sur leur boutique que la forme de leur pain n’est pas indicative du poids, qu’ils ne font pas de pain d’un poids déterminé, mais qu’ils vendent le pain à la pièce, tel prix, au choix, dans chaque catégorie, ou au kilog., au prorata de ce que chaque pain vaut à la pièce.

Il résulte de l’enquête qui a précédé le décret de 1863 que les hommes les plus compétents se sont prononcés pour la liberté complète de la boulangerie. En conséquence, le gouvernement a recommandé à tous les préfets d’user de leur influence pour engager les municipalités à accorder à la boulangerie la même liberté que celle