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conditions où il se trouve, et alors il ne paiera pas la perte d’intérêt et la perte par le crédit. Car il est juste que la différence de l’intérêt et la perte par le crédit soient imputées sur le prix de vente à crédit et non sur le prix au comptant.

Ainsi, le boulanger pourra faire des réductions importantes à l’acheteur au comptant, ce qui l’engagera à en profiter. On voit donc déjà que c’est un moyen tout à la fois moralisateur et économique. On dit que celui qui paie ses dettes s’enrichit : ce proverbe est essentiellement applicable à la vente du pain. Le pain devrait toujours être payé comptant. Et que l’on ne craigne pas que ceux qui ne sont pas riches en souffrent. Le crédit est leur ruine et celle du boulanger. Les boulangeries de consommation ont été demandées et créées par les gens peu fortunés ; ce sont eux presqu’exclusivement qui s’y fournissent, et cependant elles ne font pas crédit.

Le boulanger pourra donc arriver graduellement à réduire ses crédits en favorisant la vente au comptant.

Avec la sécurité dont jouissent les autres industries, il pourra singulièrement améliorer sa fabrication, et, sans diminuer la quantité, abaisser les prix d’une manière sensible.

À quelque point de vue qu’on se place, le règlement municipal est désavantageux au consommateur et au boulanger.

Je dois ajouter que la réforme que je propose serait pratiquée dans d’excellentes conditions, car Angers possède une boulangerie coopérative dont le travail est très-considérable, puisqu’il produit chaque jour à peu près le sixième du pain fabriqué à Angers.

Cette Société, d’après ses statuts, ne fait pas crédit et ne doit réaliser aucun bénéfice. Elle a pour but de fournir le pain au meilleur marché possible en se conformant aux goûts et aux besoins de ses clients.

Depuis onze ans qu’elle existe à Angers, on a pu voir que les boulangers de la ville ont presque toujours vendu aussi bon marché que cette Société, en tenant compte de la différence du crédit et de la qualité.

Cette Société est donc un régulateur qui permet au public d’apprécier les prix et la qualité.