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La soupe aux pois fut bientôt prête et servie. Tout en mangeant, les deux hommes parlèrent de l’avancement de leurs terres et de l’état de la glace de printemps.

— Vous devez être bons pour traverser à soir, dit Nazaire Larouche, mais ce sera juste et je calcule que vous serez à peu près les derniers. Le courant est fort au-dessous de la chute, et il a déjà plu trois jours.

— Tout le monde dit que la glace durera encore longtemps, répliqua sa belle-sœur. Vous avez beau coucher encore icitte à soir tous les deux, et après souper les jeunes gens du village viendront veiller. C’est bien juste que Maria ait encore un peu de plaisir avant que vous l’emmeniez là-haut dans le bois.

— Elle a eu suffisamment de plaisir à Saint-Prime, avec des veillées de chants et de jeux presque tous les soirs. Nous vous remercions, mais je vais atteler de suite après le dîner, pour arriver là-bas à bonne heure.

Le vieux Nazaire Larouche parla du sermon du matin, qu’il avait trouvé convaincant et beau ; puis après un intervalle de silence il demanda brusquement :

— Avez-vous cuit ?

Sa belle-sœur, étonnée, le regarda quelques instants et finit par comprendre qu’il demandait ainsi du pain. Quelques instants plus tard il interrogea de nouveau.