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voisine. Quand le tour des Chapdelaine fut venu il regarda l’horloge.

— On va dîner d’abord, eh ? fit-il, bonhomme. Vous avez dû prendre de l’appétit sur le chemin, et moi, de dire la messe, ça me donne faim sans bon sens.

Il rit de toutes ses forces, amusé plus que personne de sa plaisanterie, et précéda ses hôtes dans la salle à manger. Un autre prêtre était là, venu d’une paroisse voisine et deux ou trois paysans ; le repas ne fut qu’une longue discussion agricole coupée d’histoires comiques et de commérages sans malice ; de temps en temps un des paysans se souvenait du lieu et émettait quelque réflexion pieuse que les prêtres accueillaient avec des hochements de tête brefs et des « Oui ! oui ! » un peu distraits.

Enfin le dîner prit fin ; quelques-uns des invités partirent sitôt les pipes allumées. Le curé surprit un regard du père Chapdelaine et sembla se rappeler quelque chose ; il se leva en faisant signe à Maria.

Il la précéda dans la pièce voisine, qui lui servait à la fois de salle de réception et de bureau.

Il y avait un petit harmonium contre le mur ; de l’autre côté, une table qui portait des revues agricoles, un Code, quelques livres reliés en cuir noir ; aux murs le portrait du pape Pie X, une gravure représentant la Sainte-