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raient sans fin les paroles sacrées : « Je vous salue, Marie, pleine de grâce… »

Bientôt Tit’Bé sauta à bas de son lit pour mettre du bois dans le poêle ; par une sorte de pudeur Maria se détourna et cacha son chapelet sous les couvertures tout en continuant à prier. Le poêle ronfla ; Chien retourna à sa place ordinaire, et pendant une demi-heure encore tout fut immobile dans la maison, sauf les doigts de Maria, qui comptaient les grains de buis, et sa bouche qui priait avec l’assiduité d’une ouvrière à sa tâche.

Puis il fallut se lever, car le jour venait, préparer le gruau et les crêpes pendant que les hommes allaient à l’étable soigner les animaux, les servir quand ils revinrent, laver la vaisselle, nettoyer la maison. Tout en vaquant à ces besognes, Maria ne cessa pas d’élever à chaque instant un peu plus haut vers le ciel le monument de ses Ave, mais elle ne pouvait plus se servir de son chapelet, et il lui était difficile de compter avec exactitude. Quand la matinée fut plus avancée pourtant elle put s’asseoir près de la fenêtre, car nul ouvrage urgent ne pressait, et poursuivre sa tâche avec plus de méthode.

Midi ! Trois cents Ave déjà. Ses inquiétudes se dissipèrent, car elle se sentait presque sûre maintenant d’achever à temps. Il lui vint à l’esprit que le jeûne serait un titre de plus à