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point dédaigné de nous traiter de parents. » Mme de Sénecé, surintendante de la maison de la reine, qui appartenait à cette famille, éprouvait, selon Mme de Motteville, une joie extrême rien qu’à prononcer le nom de la Rochefoucauld. La sœur du cardinal de la Rochefoucauld allait plus loin : elle disait au duc, son neveu, que la maison de la Rochefoucauld existait plus de trois cents ans avant Adam ; quant au déluge, elle se refusait à l’admettre. Les plus modestes ne remontaient que jusqu’à la fée Mélusine. Longtemps après, Saint-Simon nous parle encore de l’orgueil des la Rochefoucauld et de ce « ver rongeur de princerie » qui passait des pères aux fils. Mais cet ambitieux orgueil est un ressort singulièrement puissant pour le caractère. Les grands noms, dira l’auteur des Maximes, abaissent, au lieu d’élever, ceux qui ne les savent pas soutenir. De très bonne heure il se montra résolu à porter fièrement le sien.

Il paraît certain que son éducation fut négligée. « M. de la Rochefoucauld n’avait pas étudié », c’est Segrais qui l’affirme, et Segrais l’a bien connu. Mme de Maintenon lui trouvait beaucoup d’esprit, mais peu de savoir. Peut-être en faut-il moins accuser la science du maître, Julien Collardeau, avocat et procureur du roi à Fontenay, que la nature de l’élève, et l’idée très incomplète que ses nobles parents se faisaient de