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BATTLING MALONE

juste assez d’argent pour acheter du pain, un peu de margarine et une once ou deux de poussière de thé. Pendant le reste de la semaine les batteries bruyantes étaient donc remplacées par un silence d’hostilité sournoise, coupé d’accès brusques de fureur devant lesquels les quatre enfants sales et déguenillés s’égaillaient au plus vite, parant les coups de leur mieux, et prompts déjà à murmurer derrière le dos tourné de leur bourreau des menaces ou des injures obscènes.

Un jour un frère de leur père mort, chauffeur à bord d’un cargo-boat, vint les voir. En son honneur l’on mit, non pas les petits plats, mais les petits pots dans les grands, et le public-house du coin, à l’enseigne du « Duc de Clarence », fit des affaires d’or. Plusieurs semaines de paye accumulées au cours d’un long voyage fondirent en ripailles si magnifiques que toute la famille, y compris les quatre enfants, fit connaissance avec les boissons de riches : whisky et brandy de marque, et bière en bouteille, au lieu du