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PRÉFACE

Si quelqu’un se souvient l’avoir lu, dans un lointain Vélo (26 octobre 1904), il ne regrettera pas de le relire. Voici :

JÉRÔME

C’était un grand chien de berger — race de Brie — dont le poil rude et souillé de boue, s’étageait en touffes emmêlées. Son collier ne comportait qu’une étroite courroie, pelée et racornie par la pluie, et une plaque de zinc sur laquelle un graveur malhabile avait tracé, à la pointe du couteau, les six lettres qui constituaient son nom. Les côtes saillaient sous la peau, il portait sur l’épaule gauche une large plaie à peine cicatrisée et ses jambes aux forts tendons tremblaient de fatigue ; mais ses yeux jaunes disaient une parfaite sérénité. Des semaines de vagabondage sur les grand’routes lui avaient évidemment enseigné l’impression que peut produire sur une humanité hostile, l’exhibition soudaine de deux rangées de crocs aigus.

Comment il avait en traversant la ville, échappé à l’attention sévère de la police municipale, restera un mystère. Il avait évité toutes les embûches, éludé tous les contrôles, et, assis sur ses hanches au milieu de la cour d’honneur de la Préfecture, il attendait.

M. le Préfet venait de quitter les bureaux et le personnel, le chapeau sur la tête, se préparait à en faire autant. C’est ainsi que Jérôme fut aperçu simultanément par le Chef de Cabinet et le Secrétaire particulier, qui se trouvaient dans une salle du rez-de-