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PUGILISTE

Sur le trottoir, il n’y avait personne non plus, du moins personne qui l’attendît. Des passants se hâtaient, inattentifs ; sur la chaussée des automobiles semblaient emporter leurs occupants vers des foyers ou des rendez-vous heureux ; cette large avenue presque déserte, avec ses lumières alignées qui clignotaient dans la nuit, parut à Pat le plus mélancolique coin du monde qu’il eût jamais vu.

Il s’en alla devant lui sans savoir où, et sans y songer. À un carrefour une femme le croisa, qui marchait en balançant les hanches et darda sur lui au passage ses yeux liquides. Il grogna de dédain ; mais vingt pas plus loin il s’arrêtait court, le cœur gonflé.

Un de ces moments était venu pour lui où les hommes forts et durs, qui ont toujours vécu durement, sentent avec toute la force qui est en eux le besoin d’être plaints, et consolés, et de goûter au moins les gestes de la tendresse. Et tout naturellement ce fut à Lady Hailsham qu’il pensa.