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récompenſe des ſervices qu’ils ont rendu à la patrie d’avoir un colonel a leur choix, & ce choix ne tomba point ſur vous ! Ils voulurent être commandés par le ſeul grand qui ait ſervi de bonne foi la cauſe du peuple, par celui, qui comme eux n’en a été payé que d’ingratitude. Vous avez été préféré à celui qu’on appeloit encore duc d’Orléans ; quel a été depuis ce tems-là le fort des Gardes-Françaiſes ?

Le voilà, foutre : on leur a ôté le plus beau titre qu’ils ponvoient porter, celui avec lequel ils avoient déterré la ſtatue de la liberté ſous les décombres de la Baſtille. Il eſt vrai qu’on leur a donné en apparence un auſſi beau nom, mais en les créant gardes nationales, on les a confondus avec les triſtes-à-pattes avec leſquels ils n’ont plus fait qu’un ſeul corps. On a créé des compagies de chaſſeurs, qui dans l’origine n’étoient que les galopins de la ferme, & qu’on a fini par rendre leurs égaux ; ces chaſſeurs ont eu l’audace de faire feu ſur eux à l’affaire de la Chapelle, & ils ſont reſtés impuni ! Au lieu d’être chaſſés comme ils le méritoient & comme tous les bons citoyens le demandoient, ces chaſſeurs ont été conſervés & même récompenſés, puisqu’on les a incorporés dans la garde nationale.