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tout de bon, sont des maladifs… des faux maladifs pour commencer, qui finissent par devenir des vrais… ils sont insupportablement poseurs, et féminins, et détraqués… et tout ce qu’on peut être !… ils ont une originalité voulue et impersonnelle…

— Enfin, comment appelles-tu ça ?…

— Je ne sais pas trop !… dés compliqués… tenez, le petit La Balue est un type très pur de compliqué… vous pouvez l’étudier…

— C’est une idée qui ne m’est jamais venue !… mais il y a, dans la petite génération, autre chose que les compliqués ?…

— Oui… il y a les jeunes athlètes…

— Spécimen, Pierrot !… — dit Henry de Bracieux.

La marquise se tourna vers son petit-fils :

— Pas de personnalités !… Continue ton petit discours, Jean…

— J’aimerais mieux manger tranquillement mon œuf, ma tante !…

— Nous en étions aux jeunes athlètes ?…

— Eh bien, si les compliqués sont un peu écœurants, les athlètes sont embêtants à crier !… La boxe, et le football, et la bicyclette, et les matchs, et les records… tout ça prend dans leurs conversations, et, ce qui est plus fâcheux, dans leur vie, une importance gigantesque et unique… à leurs yeux, un homme de valeur est celui qui donne le plus fort coup de poing, ou fournit la plus grande somme de résistance ou de vigueur… ils n’ont d’admiration