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— Vous en faites de charmants !… — dit Jean. Et comme le jeune homme étonné le regardait, il reprit :

— Oui… vous faites de très jolis vers… que vous perdez… c’est le petit Marcel qui a trouvé ceux-ci… et me les a donnés…

Il offrait à Giraud, en souriant, un papier plié, où l’écriture était invisible.

— Voyons ?… — fit Bijou en allongeant la main.

— Mademoiselle ! — cria le répétiteur, qui s’élança, effaré, — mademoiselle !… je vous en prie !…

Puis il ajouta, voulant expliquer la violence de son intervention :

— Ce sont de très mauvais vers !… souffrez que je les cache… je vous en montrerai d’autres… qui seront plus dignes d’être montrés…

Bijou restait la main tendue, la pose attentive, l’air ingénu. Elle supplia :

— Je t’en prie, montre ceux-là tout de même ?… ça n’empêchera pas M. Giraud d’en refaire d’autres que nous verrons aussi…

Mais Jean répondit, en remettant le papier au répétiteur éperdu :

— Je ne peux pas te montrer une lettre, — car c’est en quelque sorte une lettre — qui appartient à son auteur…

— Je vous remercie… — balbutia Giraud tout décontenancé — je vous remercie, monsieur…

Et il fit disparaître dans sa poche l’inquiétant petit papier.